Le 22 mai 2017
Construire plus au moyen de la Banque de l’infrastructure du Canada
par Mark Romoff, président et chef de la direction, le Conseil canadien pour les partenariats public-privé
Le Canada a besoin d’un plus grand nombre d’infrastructures. Comme on l’a souligné, la Banque de l’infrastructure du Canada (BIC) se révélerait utile pour atteindre cet objectif. Certaines estimations laissent entendre que le Canada fait face à un déficit infrastructurel de l’ordre de 1 000 milliards de dollars. C’est un chiffre énorme qui donne l’heure juste quant à l’investissement que les gouvernements doivent envisager pour maintenir les services essentiels actuels, stimuler l’économie et accroître le nombre de communautés sécuritaires, accessibles et saines.
De toute évidence, le gouvernement n’est pas en mesure de financer tous les besoins en infrastructure dans l’ensemble du pays. L’investissement ambitieux inédit du gouvernement fédéral de 186 milliards de dollars au cours des quelque dix dernières années ne représente qu’une fraction du financement exigé.
Voilà pourquoi la création de la BIC est une idée à ce point intéressante, innovante et, nous le pensons, appréciée. La mission de la Banque consiste à réaliser des infrastructures génératrices de recettes en attirant des investisseurs de capitaux privés. L’injection de financement privé signifie que le gouvernement est en mesure de mieux utiliser le financement public pour une foule de projets d’infrastructure comme les nouveaux aqueducs, le logement social, les installations récréatives et culturelles et l’infrastructure dans les réserves.
Le ministre fédéral de l’Infrastructure et des Collectivités, Amarjeet Sohi, a indiqué très clairement que la BIC n’aura pas pour mission de vendre les actifs existants. Sa priorité est de construire de nouvelles infrastructures. Il s’agit de grands projets complexes qui ne verraient pas le jour autrement. Ils peuvent comprendre des ponts à péage transfrontaliers, des lignes de chemin de fer à grande vitesse et des infrastructures de transport de l’énergie.
À ce jour, la structure de gouvernance de la BIC a fait l’objet d’un grand nombre de discussions. Il s’agit d’un équilibre important entre l’indépendance de la Banque et l’obligation du gouvernement de rendre des comptes aux contribuables pour les 35 milliards de dollars que la BIC sera responsable de fournir. Avec la bonne équipe de direction supérieure en place à la Banque, la structure de gouvernance proposée peut être efficace puisqu’elle reflète le modèle d’infrastructure de l’Ontario qui est reconnu aujourd’hui comme étant le meilleur de sa catégorie à l’échelle internationale.
L’idée de la participation du secteur privé à la conception, à la construction, au financement, à l’entretien, voire au fonctionnement des infrastructures publiques essentielles, n’est pas nouvelle au Canada. Le Canada possède une longue tradition de partenariats public-privé (P3) couronnés de succès. Le modèle canadien a produit des infrastructures de qualité, construites dans les délais et les budgets fixés, offrant une valeur exceptionnelle aux contribuables, principalement en raison de la rigueur et de la discipline apportées par le secteur privé au processus d’approvisionnement.
À l’heure actuelle, il y a 258 P3 qui sont opérationnels, ou en cours de construction ou d’approvisionnement à l’échelle du pays. La valeur de ces projets est estimée à plus de 122 milliards de dollars et englobe un large éventail de projets, y compris des hôpitaux et des établissements de soins de santé de longue durée, des routes, des ponts, des projets de transport en commun et des installations de traitement des eaux et des eaux usées. Il est également important de souligner que ces projets continuent d’appartenir au secteur public et d’être contrôlés par celui-ci.
Une analyse indépendante donne à penser que les P3 ont permis aux Canadiens d’économiser jusqu’à 27 milliards de dollars au cours des 25 dernières années. Ces projets sont construits 13 % plus rapidement que ceux qui sont commercialisés selon la méthode traditionnelle, contribuant une somme additionnelle de 11 milliards de dollars à l’économie canadienne. Plus important encore, les P3 créent 115 000 emplois et génèrent en moyenne une somme de 5 milliards de dollars en salaires par année. Cette feuille de route impressionnante a permis à l’approche de P3 du Canada d’être reconnue comme étant la meilleure de sa catégorie dans le monde.
L’expérience canadienne montre clairement qu’il n’y a pas de pénurie de capitaux privés pour les projets d’infrastructure publique. Et le secteur privé est prêt à assumer un risque afférent aux revenus pour les grands projets complexes. Cela veut dire que le gouvernement paie moins pour construire plus d’infrastructures étant donné que le secteur privé récupère les coûts au moyen des revenus générés par les infrastructures.
Les critiques accompagnent bien souvent les nouvelles initiatives et la tenue d’un débat constructif est toujours saine. Cela dit, la clé consiste maintenant à recruter un président ou une présidente expérimenté(e) et hautement qualifié(e), un conseil d’administration et un ou une PDG pour faire en sorte que la Banque passe d’une idée intéressante à un programme fructueux qui permet de construire plus d’infrastructures, de créer plus d’emplois et d’assurer une meilleure stabilité économique dans les communautés à l’échelle du pays.